Niccolo Ammaniti – Anna

C’est une forme d’addiction ; l’envie de lire mais du mal à tenir. Attirance angoissante des romans post-apocalyptiques. Il y a des pépites, dans le post-apocalyptique. Cormac McCarthy bien sûr, quand il écrit La route. Ou Niccolo Ammaniti, quand il écrit Anna. J’aime vraiment ce qu’écrit Ammaniti. Rarement réjouissant, mais ce don pour des récits plus vrais que nature. Il faut lire Comme Dieu le veut (Prix Strega, 2007) ; Je n’ai pas peur (Prix Viareggio 2001) ; Et je t’emmène (pas de prix). Dans un genre plus intimiste, Moi et toi. Dans un genre post-apocalyptique, Anna.

L’idée du roman serait née un jour qu’Ammaniti – fils de psychiatre et particulièrement intéressé par les problématiques liées à l’adolescence – regarde jouer sur la plage des enfants seuls. Des enfants seuls.  Un monde sans adultes.  Et voilà émergée La Rouge. Une fièvre qui décime tout être humain ayant atteint l’âge de la puberté, créant un univers d’enfants livrés à eux-mêmes. L’histoire se passe en Sicile. 2020. La maladie a fait ses ravages, foudroyante. Tout être humain vivant est porteur du virus. Tous les enfants portent ce couperet au-dessus de leur tête. Un jour viendra où la fièvre les emportera. Anna du haut de ses treize ans vit sous la menace d’un développement prochain de la maladie, qu’elle oblitère, veillant sur son petit frère Astor qu’elle tente de préparer au mieux à l’avenir. Confrontée à l’inéluctable, elle se réfugie dans son espérance, comme un mantra : au-delà des rivages de l’île, il y a sans doute des Grands qui ont survécu, trouvé un vaccin, un remède ; il suffit d’aller les chercher.

Dans la quête d’Anna et Astor, il y a des bandes d’enfants sauvages, un chien comme enragé qui ne meurt jamais, un cahier à secrets, des souvenirs du temps d’avant, l’image d’une paire de baskets. Il y a la croyance d’Anna. Mais également la sanction. Anna se ferme sur sa désespérance, emprisonnant des bribes d’enfance pour les intégrer à un univers cruel, où l’espoir indispensable à la survie quotidienne paraît condamné à être brisé. Bien sûr, c’est le talent d’Ammaniti qui fait le malaise du roman, son emprise. Mais dans le genre « attirance et angoisse », Anna se pose là. À réserver aux amateurs du genre, qui y trouveront leur compte.

Grasset.Traduit de l’italien par Myriem Bouzaher.

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